Bonne nouvelle : les portes du désert s’ouvrent à nouveau. Après plusieurs années de restrictions pour raisons sécuritaires, la route vers Bahariya, le Désert Blanc, Farafra et les grandes étendues du désert occidental est de nouveau praticable pour les voyageurs accompagnés, dans le respect des protocoles en vigueur. Pour ceux qui, comme nous, aiment l’Égypte au-delà des temples et des foules, c’est une petite joie discrète. Celle de retrouver un espace de silence, un espace sans récit imposé, où l’on peut encore marcher, écouter, s’égarer.
Sur la route des oasis : du Fayoum à Bahariya
Le voyage commence bien avant l’arrivée à l’oasis. Passer par le sud du Caire, traverser Dashour, Meidoum, le Fayoum, c’est déjà quitter l’Égypte des circuits classiques. À Dashour, la pyramide rhomboïdale vous accueille sans file d’attente. À Meidoum, c’est parfois le gardien lui-même qui vous ouvre la grille, avec un sourire qui vaut toutes les explications. Dans le Fayoum, entre les lacs salés et les poteries enfouies, les paysages deviennent soudain intemporels. On ne suit pas un parcours, on suit un fil.
Puis vient Bahariya, premier seuil du désert. Une oasis peu spectaculaire à première vue, mais vivante, ancrée. On y croise des jeunes guides qui parlent quatre langues, des anciens qui connaissent encore les anciennes pistes, des familles qui tiennent des petits hôtels avec une générosité presque embarrassante. Ici, on prépare le départ.
Le Désert Blanc : silence, ciel et craie blanche
Le désert ne commence pas d’un coup. Il se laisse approcher. La route se défait. Le bitume devient pierre, la pierre devient sable. Et bientôt, plus rien. Le vide. Un vide habité, ondulant, sculpté par les vents. Le Désert Blanc, avec ses formations de craie blanche, ses arches et ses colonnes naturelles, a quelque chose de lunaire, d’irréel. Dormir sous une de ces arches, à la belle étoile, est une expérience que les mots trahissent. Le feu crépite, le thé noir bout sur les braises, et au-dessus de soi, le ciel tombe.
Le lendemain, on reprend la piste. On croise un pick-up, un dromadaire, parfois un renard. Rien ne presse. L’oasis suivante viendra à son rythme. Farafra. Dakhla. Kharga. Autant d’escales dans une Égypte de l’intérieur, loin des mythes, loin des selfies.
Désert blanc, Egypte
L’Égypte secrète : entre temples oubliés et silence habité
Il faut dire un mot de la ruée vers les sites majeurs. Louxor, Abou Simbel, les pyramides de Gizeh, tous sont sublimes, tous valent le voyage. Mais leur fréquentation rend difficile, parfois, d’y trouver le silence et l’occasion nécessaire à la rencontre.
Or l’Égypte ne se résume pas à ses icônes. Il existe une autre manière de voyager dans ce pays. Une manière plus discrète, presque en creux, en choisissant des sites dits secondaires, mais qui n’en disent pas moins long sur elle. Des lieux à taille humaine, où l’on peut prendre le temps. Où la pierre parle doucement. Où les regards se posent autrement.
Temple de Abou Simbel, Egypte
Voyager autrement : ressentir l’Égypte dans ses marges
Un petit temple à El-Bagawat. Un puits romain dans le désert. Une école coranique abandonnée. Une mosquée blanche posée au milieu de rien. Chacun de ces lieux raconte une Égypte qui ne s’écrit pas dans les guides. Une Égypte d’hier, certes, mais aussi celle d’aujourd’hui, rurale, fragile, complexe. Et belle.
Le désert ne fait pas de bruit. Il ne vous prend pas par la main. Il vous laisse venir. Mais une fois qu’on l’a goûté, on comprend. L’Égypte n’est pas seulement une destination. C’est un rythme. Et parfois, c’est loin de la foule, entre deux dunes et un feu de camp, qu’on l’entend enfin respirer.